Journée internationale de l’alimentation : l’anniversaire des promesses non tenues

Publié par l'association FDNAT le 16 octobre 2025

En ce 16 octobre, journée internationale du droit à l’alimentation, Familles Rurales rappelle que se nourrir sainement, durablement et à un prix juste n’est pas un luxe mais un droit fondamental. Ce droit, la France s’était engagée à le garantir. Pourtant, les promesses tardent à se concrétiser, au détriment de nos familles, de nos enfants et de notre planète.

En ce 16 octobre, journée internationale de l’alimentation, le constat est amer. Cet anniversaire, en France, est synonyme de promesses non tenues :

  • Celle de publier une SNANC (Stratégie Nationale pour l’Alimentation, la Nutrition et le Climat) ambitieuse : prévue il y a 2 ans et toujours très attendue,

  • Celle adressée il y a un an jour pour jour à nos concitoyens martiniquais d’accéder à des produits alimentaires dont les marges seraient contenues.  L’Etat a fait sa part en baissant la TVA de centaines de références, les collectivités en abandonnant les taxes liées à l’octroi de mer. Mais quid des engagements des distributeurs ?

Familles Rurales appelle à un sursaut politique. L’urgence est caractérisée puisque :

  • 16 % des Français peinent à subvenir à leurs besoins alimentaires et que 7 % d’entre eux sont contraints, chaque semaine, de réduire leur nombre de repas par manque de moyens financiers[1] ;

  • Près d’un enfant sur trois en France est en surpoids dès l’âge de 5 à 9 ans, et un sur huit est déjà obèse[2]. C’est même 1 adulte sur 2 ;

  • Les maladies évitables en lien avec une alimentation inadaptée coûtent chaque année 125 milliards à nos finances publiques[3].

Cette inertie n’est pas digne d’un Etat qui se réclame des droits humains, de la préservation de notre santé, de la biodiversité et de la responsabilité budgétaire. Le courage politique dont ont fait preuve d’autres pays comme le Chili, le Royaume-Uni ou encore l’Argentine, peut inspirer la France. Rien ne saurait justifier que notre législateur reste en retrait ou cède aux lobbies.  Le Mouvement propose 10 mesures essentielles et urgentes pour lever les freins économiques et sensibiliser les consommateurs sur la nécessité de s’alimenter « mieux ».

Nos 10 mesures visant à lever les freins économiques et à sensibiliser les consommateurs sur la nécessité de s’alimenter « mieux » 

  1. La mise en œuvre d’un « Bouclier Qualité Prix » BQP : déjà expérimenté en Outre-mer, et nécessitant d’être amélioré, il consisterait à sacraliser un panier composé d’une centaine de produits sains tant pour notre santé, pour notre environnement que pour notre pouvoir d’achat. Les prix de ces produits seraient plafonnés après concertation avec l’ensemble des acteurs ; 

  2. L’interdiction des publicités à destination des enfants faisant la promotion de produits trop gras, trop sucrés, trop salés : Les études scientifiques sont claires et convergentes, le marketing alimentaire ciblant les enfants influence significativement leurs préférences, leurs achats et leur consommation au détriment de leur santé. La France est très en retard sur ce sujet comparativement à d’autres Etats ;

  3. Une meilleure régulation des marges : Les derniers chiffres publiés par l’OFPM – Observatoire de la Formation des Prix et des Marges révèlent, qu’en 2023, c’est notamment grâce aux marges réalisées sur le rayon fruits et légumes que la grande distribution a couvert les pertes de son rayon boulangerie / pâtisserie[4]. Pour Familles Rurales, la logique est inversée. Ce qui mérite par ailleurs d’être éclairé, c’est la « valeur » de ce marché en fonction des différents maillons de cette chaine. Les fruits et les légumes ont rapporté aux producteurs 11,2 milliards d’euros à l’entrée du circuit de distribution en 2020, les consommateurs les ont payés 2 fois plus cher à la sortie soit 22 milliards d’euros[5]. A la lumière de ces données publiques, la rémunération des différents intermédiaires doit être ré interrogée à la faveur tant de nos producteurs que des consommateurs ;

  4. Une plus grande implication des professionnels de santé pour accompagner les parents dans leur rôle éducatif, y compris après la phase de diversification alimentaire : Si les pères et mères semblent sensibles à l’équilibre nutritionnel des tout-petits, dès l’âge de 3 ans, cette conscience semble s’atténuer dangereusement puisqu’un enfant sur 10 seulement consomme les portions de fruits et de légumes recommandées quotidiennement[6] ;

  5. L’ouverture aux activités extra-scolaires, des financements européens qui existent pour promouvoir les produits dont les enfants ont besoin pour « bien grandir » : Des crédits sont disponibles mais partiellement utilisés par la France[7] car réduits au seul cadre scolaire. Dans le même temps, de nombreuses structures comme les accueils de loisirs peinent à financer des actions de sensibilisation ayant pourtant fait la preuve de leur efficacité en termes de changements de pratiques ; 

  6. La garantie d’une souveraineté et de l’accès à une alimentation saine pour tous, en accompagnant les agriculteurs dans la transition écologique ;

  7. L’alignement des normes de production des importations sur celles en vigueur au sein de l’Union Européenne en imposant des « mesures miroirs » aux frontières de l’Europe en priorité dans le domaine agricole afin de lutter contre la concurrence déloyale et le dumping environnemental ;

  8. L’application stricte du principe de précaution en interdisant tout produit susceptible d’avoir un impact négatif sur la santé humaine et/ou la biodiversité. Investir dans la recherche, sur des méthodes alternatives de traitement et de production permettant d’éviter l’utilisation des intrants présentant des risques ;

  9. La définition d’une trajectoire chiffrée vers “moins et mieux” de produits animaux d’ici 2030, incluant le soutien aux filières françaises ;

  10. L’adoption d’une version ambitieuse et efficace de la SNANC, et la nomination d’un ou une déléguée interministérielle chargée de sa mise en œuvre et suivi, garante de l’allocation des moyens nécessaires à l’atteinte de ses objectifs.

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    [1] https://www.credoc.fr/publications/les-multiples-facettes-de-la-precarite-alimentaire

    [2] https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications-communique-de-presse/les-dossiers-de-la-drees/240717_DD-Surpoids-Obesit%C3%A9

    [3] https://www.institutmontaigne.org/ressources/pdfs/publications/fracture-alimentaire-maux-communs-remede-collectif-rapport.pdf

    [4] https://observatoire-prixmarges.franceagrimer.fr/ 

    [5] Calculs d’après le rapport annuel 2022 de l’OFPM, p266. Dernières données disponibles. https://observatoire-prixmarges.franceagrimer.fr/

    [6]  N° 315 • ISSN 0295-9976 • mars 2021 : Renversement de tendance : les Français végétalisent leur alimentation  https://www.credoc.fr/download/pdf/4p/CMV315.pdf

    [7]   https://agriculture.gouv.fr/le-programme-europeen-fruits-et-legumes-lecole-et-lait-et-produits-laitiers-lecole