
19? édition de l'Observatoire des prix des fruits et légumes
Familles Rurales publie son 19ᵉ Observatoire des prix. Face à l’inflation, l’association de défense des consommateurs alerte sur les freins économiques à une alimentation saine et appelle à des mesures concrètes pour permettre à tous de consommer davantage de fruits et de légumes.
OBSERVATOIRE DES PRIX DES FRUITS ET LÉGUMES
Fruits et légumes, encore trop de freins, pour favoriser chez les consommateurs, l’adoption d’une alimentation plus saine !
Familles Rurales, l’une des principales associations de défense des consommateurs et 1er Mouvement familial publie, pour la 19ème année consécutive, son Observatoire des prix des fruits et légumes. Il porte sur un panier de 9 fruits et 10 légumes frais, conventionnels et bio. Son objectif est de donner aux consommateurs les clés de lecture pour opérer des choix éclairés particulièrement en cette période où 1 personne sur 2 déclare « renoncer » à certains aliments faute de budget suffisant1.
Les principaux résultats
I / LE PRIX DES FRUITS AUGMENTE SUR 1 AN : +7% POUR LE BIO ET +2% POUR LE CONVENTIONNEL, CELUI DES LÉGUMES BAISSE : -3% POUR LE CONVENTIONNEL ET -1% POUR LE BIO
Entre juin 2024 et juin 2025, le prix de notre panier de fruits a augmenté de +7% en bio et de +2% en conventionnel
Entre juin 2024 et juin 2025, le prix de notre panier de légumes a baissé de -3% en conventionnel et de -1% en bio
II/ SUIVRE LES RECOMMANDATIONS DE SANTÉ PUBLIQUE EN CONSOMMANT AU MINIMUM 400 GRAMMES DE FRUITS ET DE LÉGUMES PAR JOUR ET PAR PERSONNE COÛTE : AU MINIMUM 62€ (panier composé des 5 fruits et légumes les moins chers), 133€ EN MOYENNE (panier composé de 19 produits en conventionnel) ET 254€ AU PLUS (panier tout bio composé de 19 produits) PAR MOIS POUR UNE FAMILLE DE 4 PERSONNES
En juin 2025, pour respecter le PNNS (Programme National Nutrition Santé) sur la base de notre panier composé de 19 fruits et légumes, une famille de 2 adultes et 2 enfants a dû dépenser entre 133€ et 254€ (soit entre 9,4% et 17,9% d’un SMIC net mensuel)
En ne retenant que les 5 fruits et légumes les moins chers de notre panier d’été, la même famille a dû dépenser entre 62€ (pour les fruits et légumes en conventionnel) et 103€ (profil bio) par mois (soit entre 4,4 et 7,3% d’un SMIC net mensuel) pour respecter le PNNS
III/ SUR 10 ANS, L’AUGMENTATION DU PRIX DES FRUITS +59% ET DES LÉGUMES +64%, EN NET DÉCROCHAGE AVEC L’ÉVOLUTION DU SALAIRE MOYEN PAR TÊTE +27%
Forts de ces constats et dans un contexte où 41% des consommateurs se déclarent « très inquiets » s’agissant des résidus de pesticides2 dans les fruits et légumes, Familles Rurales se préoccupe particulièrement de l’accessibilité économique, au plus grand nombre, des produits issus de l’agriculture biologique.
Si Santé Publique France recommande « d’aller vers des fruits et légumes de saison, des aliments de producteurs locaux et, si possible, des aliments bio »3 en se basant notamment sur les travaux de l’Anses – Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail – force est de constater que le champ des possibles se limite dangereusement pour les budgets les plus contraints. Rappelons que nos chiffres démontrent que même en isolant les 5 fruits et légumes bio les moins chers de notre panier, ce budget s’élève à 103€ tous les mois pour une famille de 4 personnes. C’est 10% de plus qu’en 2024 et cela représente 7,3% d’un SMIC net mensuel.
De manière plus globale, le Mouvement appelle de ses vœux l’adoption d’une SNANC, Stratégie Nationale Alimentation Nutrition Climat, plus ambitieuse que celle présentée par les pouvoirs publics à ce stade. Les fruits et légumes devraient constituer un des socles de notre alimentation afin de garantir à chacun le meilleur capital « santé » possible selon le PNNS. Ils devraient être consommés à raison de 5 portions par jour et par personne. Or seul 1 enfant sur 10 suit ces recommandations en pratique et 3 adultes sur 104. Rappelons que de nombreuses études5 relient pourtant des pathologies telles que l’obésité, les maladies cardio-vasculaires, le diabète ou encore certains cancers à une alimentation inadaptée, liée notamment à une trop faible consommation de fruits et légumes. Les études les plus récentes semblent même tendre vers une aggravation de la situation. L’obésité et les maladies qui y sont associées conduiraient, d’ici 2050, à une réduction de l'espérance de vie moyenne de 2,3 années en France. » Le coût social de la surcharge pondérale avoisinait 20 Md€ (1% du PIB)6 en 2012, soit 2,5 fois le budget du ministère de l’agriculture par exemple. C’est aussi à la lumière des économies que pourrait réaliser l’Etat, dans une période d’austérité budgétaire, que cette réalité doit s’appréhender.
Compte tenu de ces constats Familles Rurales propose l’adoption de 4 mesures pour lever les freins à la consommation des fruits et légumes et préserver la santé des français.
Nos 4 mesures visant à lever les freins économiques et à sensibiliser les consommateurs sur la nécessité de consommer davantage de fruits et de légumes
1. La transparence sur les marges et l’accès à prix coutant d’un panier composé d’une centaine de produits sains pour notre santé, notre environnement et garantissant un revenu décent à nos producteurs.
Les derniers chiffres publiés par l’OFPM – Observatoire de la Formation des Prix et des Marges révèlent, qu’en 2023, c’est notamment grâce aux marges réalisées sur le rayon fruits et légumes que la grande distribution a couvert les pertes de son rayon boulangerie / pâtisserie7. Pour Familles Rurales, la logique est inversée. Il faudrait, au contraire, pousser les marges des produits les plus transformés puisque moins bons pour notre santé à la faveur des fruits et légumes dont chacun a besoin quotidiennement et en quantité. Ce qui mérite par ailleurs d’être éclairé, c’est la « valeur » de ce marché en fonction des différents maillons de cette chaine. Les fruits et les légumes ont rapporté aux producteurs 11,2 milliards d’euros à l’entrée du circuit de distribution en 2020, les consommateurs les ont payés 2 fois plus cher à la sortie, sans aucune transformation, soit 22 milliards d’euros8. A la lumière de ces données publiques, la rémunération des différents intermédiaires doit être ré interrogée à la faveur tant de nos producteurs que des consommateurs.
2. Une plus grande implication des professionnels de santé pour accompagner les parents dans leur rôle éducatif, y compris après la phase de diversification alimentaire :
Si les pères et mères semblent sensibles à l’équilibre nutritionnel des tout-petits, dès l’âge de 3 ans, cette conscience semble s’atténuer dangereusement puisqu’un enfant sur 10 seulement consomme les portions de fruits et de légumes recommandées quotidiennement9. Familles Rurales appelle de ses vœux un accompagnement renforcé des parents des enfants âgés de 3 à 12 ans.
3. L’ouverture aux activités extra-scolaires, des financements européens qui existent pour promouvoir les produits dont les enfants ont besoin pour « bien grandir » :
Des financements sont disponibles mais partiellement utilisés par la France10 car réduits au seul cadre scolaire. C’est le public cible « enfants » qui doit être visé par ces financements et pas la seule « structure » scolaire.
4. L’interdiction des publicités à destination des enfants faisant la promotion de produits trop gras, trop sucrés, trop salés :
Les études scientifiques sont claires et convergentes, le marketing alimentaire ciblant les enfants influence significativement leurs préférences, leurs achats et leur consommation au détriment de leur santé. La France est très en retard sur ce sujet comparativement à d’autres Etats comme le Chili (qui a interdit dès 2016 ce type de publicités tout en renforçant la loyauté de l’information à porter directement sur les emballages), le Royaume-Uni (qui a renforcé en 2024 les mesures déjà en place depuis 2007 visant à interdire cette promotion TV comme en ligne avant 21h), l’Argentine (qui a adopté des campagnes « choc » visant au-delà de ne pas promouvoir ces aliments, à les stigmatiser comme potentiellement nocifs pour la santé). Comment notre pays, celui des droits de l’Homme peut-il rester à ce point en marge de la protection due à nos enfants ?
Contact :
Niki Vouzas - niki.vouzas@famillesrurales.org - 06 49 49 75 17
1 https://www.famillesrurales.org/plan-france-ruralites-etude-ifop-territoires-ruraux-2023
2 https://www.interfel.com/actualites/etudes/barometre-confiance-fruits-legumes/
4 Citons par exemple à titre d’exemple l’étude publiée par l’Agence nationale de sécurité alimentaire, de santé et du travail - ANSES en 2016 https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2012SA0103Ra-3.pdf, le rapport sur la santé en Europe 2018 de l’OMS (Organisation Mondiale pour la Santé) https://www.who.int/europe/publications/i/item/9789289053433 ou encore l’étude du Crédoc N° 315 • ISSN 0295-9976 • mars 2021 : https://www.credoc.fr/publications/renversement-de-tendance-les-francais-vegetalisent-leur-alimentation
5 Citons par exemple à titre d’exemple l’étude publiée par l’Agence nationale de sécurité alimentaire, de santé et du travail - ANSES en 2016 https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2012SA0103Ra-3.pdf, le rapport sur la santé en Europe 2018 de l’OMS (Organisation Mondiale pour la Santé)
7 Rapport 2025 de l’Observatoire sur la formation des prix et des marges des produits alimentaires https://observatoire-prixmarges.franceagrimer.fr/
8 Calculs d’après le rapport annuel 2022 de l’OFPM, p266. Dernières données disponibles. https://observatoire-prixmarges.franceagrimer.fr/
9 N° 315 • ISSN 0295-9976 • mars 2021 : Renversement de tendance : les Français végétalisent leur alimentation
10 Le programme européen « Fruits et légumes à l’école » et « Lait et produits laitiers à l'école » https://agriculture.gouv.fr/le-programme-europeen-fruits-et-legumes-lecole-et-lait-et-produits-laitiers-lecole