Parité, égalité, où en est-on aujourd’hui ?

3 questions à Brigitte Grésy,Inspectrice générale des Affaires sociales, auteure du rapport sur l’égalité professionnelle (juillet 2009)

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Si l’égalité des droits s’est considérablement accélérée au cours des dernières décennies, la répartition des tâches domestiques a peu évolué, ainsi que la prise en charge des enfants et des parents dépendants. Selon une étude de l’INED de 2009, les femmes assurent toujours 80% des tâches ménagères et le déséquilibre est d’autant plus prononcé qu’il y a d’enfants dans la famille et que le dernier est jeune.

Le cumul emploi/famille est, entre autres raisons, l’une des causes de ces écarts qui perdurent dans la sphère professionnelle. Mais les femmes en responsabilité sont aussi confrontées au « plafond de verre », que constituent les barrières invisibles et artificielles créées par des préjugés comportementaux et organisationnels.

Une prise de conscience sur l’invisibilité des femmes dans les instances de décision est-elle en train de s’opérer ?

Il y a un consensus sur le fait que la loi est le seul moyen de casser la logique de cooptation masculine qui prévaut. Je propose l’établissement de quotas obligatoires (40% pour le sexe sous-représenté en 6 ans) au sein des conseils d’administration et de surveillance des entreprises du CAC 40 et dans les entreprises publiques. Cependant, il faut que ce type de mesure soit transitoire et qu’il promeuve des femmes à valeur comparable avec les hommes.

Mais la loi est-elle suffisante ?

Si l’on modifie les conditions de mise en œuvre de la négociation collective, si on rend les sanctions financières effectives, les entreprises seront plus enclines à changer. Mais seule, la contrainte n’est pas suffisante ; elle doit s’accompagner d’une sensibilisation interne pour convaincre. Par ailleurs, les femmes elles-mêmes doivent prendre la question en main, notamment grâce et dans les réseaux.

Dans le monde associatif, les hommes sont plus nombreux dans les CA que les femmes. Comment l’expliquez-vous ?

De la même manière que dans les entreprises. Au travail, les relations entre les femmes et les hommes ne sont pas pensées. La manière dont les femmes gèrent les réalités de la vie est différente de celle des hommes, en raison, entre autres, de la « double journée » à laquelle elles sont contraintes et qui a une incidence sur leur investissement professionnel ou bénévole. Seuls un meilleur partage de la parentalité entre hommes et femmes et une nouvelle organisation des modes de travail permettront aux femmes d’accéder véritablement à des postes de responsabilité.

 

En savoir plus

"Petit traité contre le sexisme ordinaire", Brigitte Grésy.  Albin Michel, 2009.